Dans ses romans, Ananda Devi a toujours su nous plonger dans des textes anoblis par des peintures locales où l’Inde matricielle figure à travers la représentation d’un univers cosmogonique dominé par le symbolisme magico-spirituel indien. Certaines interprétations homogènes, fruits des constructions historiques, occultent, voire négligent parfois l’hétérogénéité très ancrée des traditions indiennes à Maurice. Ce « contraste bipolaire » (Sen, 2007), somme des épissures imaginaires et des interfusions culturelles constituent pourtant l’humus de l’identité mauricienne construite au fil de l’histoire coloniale. L’auteure s’illustre alors à travers ses écrits en tant qu’une figure majeure de cette forme de représentation binaire de l’univers mauricien. Notre étude vise à dévoiler les amalgames imaginaires qui circulent dans les textes de Devi en partant des formes de discours et de savoirs subrepticement disséminés dans les motifs tels le « sari » et « la chevelure ». En nous appuyant sur une grille d’analyse ethnocritique, nous allons montrer comment les romans de Devi, véritables « ethnotextes » (Motsch, 2000), parviennent par un effet méiotique, à façonner un « nouvel humanisme » aux antipodes des représentations « orientalistes » (Said, 1978) et ethnocentriques de l’Inde vue par l’Occident.
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Vol. 21 No 1 (2022)
Publié: 2022-10-11