La France de la deuxième moitié du XIXe siècle a été un témoin privilégié d’un grand progrès de l’apologétique. La littérature apologétique de cette période est immense. En général, on peut apercevoir deux courants des réflexions apologétiques: l’apologétique défensive (qui se propose comme premier but de répondre aux attaques des adversaires) et constructive (qui se donne pour mission de convaincre de la vérité de la foi catholique, en devenant enfin la science des motifs de crédibilité). Professeur de l’Institut catholique de Paris, Paul de Broglie est l’un des représentants de l’apologétique constructive. Dans sa pensée, l’apologétique comprend trois grandes démonstrations: historique (la transcendance du christianisme), puis philosophique (tout en s’appuyant en partie sur des faits religieux, démonstration de l’existence et des attributs du créateur) et enfin la troisième qui met en évidence les caractères transcendants du christianismes et les attributs de Dieu pour aboutir à la conclusion que la doctrine de l’évangile s’appuie sur le témoignage même de Dieu. Dans cet article nous essayons d’esquisser les principes de sa réflexion apologétique dans leur dimension historique et philosophique. Tout d’abord, nous nous sommes arrêtés sur sa «méthode de transcendance». Constatant le scepticisme métaphysique et l’état d’esprit général issu de la diffusion de la mentalité positiviste, de Broglie a été amené à chercher dans l’histoire le point de départ et dans une certaine mesure le fondement de son apologétique. Sa réflexion conduit à la constatation que l’histoire peut montrer la transcendance du christianisme. En effet celui-ci, tel qu’il existe, ne peut trouver sa raison d’être dans les causes qui expliquent les autres religions. Le christianisme constitue un fait unique, humainement inexplicable. Il est le surnaturel historique. Dans la perspective de la contestation du christianisme au nom de la philosophie et de la science, de Broglie a développé la réflexion philosophique qui montrait comment la religion s’accorde avec la plus haute philosophie et que toutes les objections tirées des sciences sont sans portée. A vrai dire, le professeur de l’Institut catholique s’est placé sur le terrain de l’apologétique classique qui s’appuyait principalement sur critères objectifs. Dans son oeuvre apologétique nous retrouvons en même temps des éléments subtiles de l’apologétique du sujet, développée à la fin du XIXe siècle par L. Ollé-Laprune, G. Fonsegrive et surtout M. Blondel.
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Tom 40 Nr 2 (2007)
Opublikowane: 2021-02-10