Cet article vise à présenter l’état actuel des recherches scientifiques sur Aphraate (260/270 ? – peu après 345 ?). Il s’agit du plus ancien auteur orthodoxe de langue syriaque. Surnommé „le Sage persan”, probablement évêque, il a écrit 23 Démonstrations entre 336 et 345. Portant sur des questions théologiques et spirituelles son ouvrage est capital pour nous donner une certaine connaissance du monde araméen chrétien primitive, c’est-à-dire de l’Église dans l’empire des Sassanides. On n’y discerne aucune influence de la philosophie grecque. Sa doctrine trinitaire et sa christologie ignorent le Concile de Nicée. Sa pneumatologie n’est pas très explicite. De plus, Aphraate a pris une importance exceptionnelle, car c’est lui qui est devenu une des sources principales pour la connaisance d’une première réalisation de vie religieuse menée par les „fils et filles du pacte” qui formaient une catégorie spéciale dans l’Église de Perse et de Mésopotamie. Dans ses traités la pensée repose uniquement sur l’argument d’autorité de l’Écriture et l’auteur cite en abondance la Pshitta (AT), le Diatessaron (évangiles) et une Vetus Syriaca (Ac et épitrês de Paul). L’œuvre du Sage persan avait eu une telle vogue qu’elle fut traduite en arménien dès la fin du V ème siècle, donc environ 150 ans après qu’elle eut vu le jour.
Deux manuscrits, les plus anciens, (470/510 et VI siècle) ont été trouvés par W. Cureton dans la bibliotheque du monastère des Syriens en Nitrie et rapportés entre 1838 et 1851 au British Museum. Grâce à la première édition critique de ces textes par W. Wright en 1869 les 23 Démostrations d’Aphraate furent mis à la dispositions des syriacisants et de tous ceux qui s’intéressent à la spiritualité chrétienne la plus ancienne. Il s’en est suivi toute une série d’études, de monographies et de traductions. L’auteur de cet article essaie à esquisser l’histoire de développements des recherches sur Aphraate. Premièrement il présente l’œuvre du Sage persan, ses traductions et ses éditions. Deuxièmement il élabore une liste des sources littéraires qui pourraient éclaircir l’énigmatique personnage d’Aphraate. Troisièmement, il donne l’histoire des discussions scientifiques dans lesquelles les chercheurs de différentes dénominations ont abordé les questions de l’ascèse chez le Sage persan, son rapport avec le judaisme et enfin sa théologie et anthropologie. On avait beau consacrer beaucoup d’études sur ces sujets restent les problèmes qui toujours attendent des nouvelles recherches.