Abstract

Cet article se propose d’examiner la dépendance entre la notion ou l'image de l’Eglise et la conception d’une théologie pastorale dans la littérature théologique et pastorale de la période qui va de la deuxième guerre mondiale au II-e Concile du Vatican. Pour parler plus strictement, l’auteur veut présenter d’une manière critique des essais d’avant le Concile visant à établir la déduction ecclésiologique de la conception de la théologie pastorale en tant que discipline théologique. Pour cette raison, il se borne à traiter du problème méthodologique de la théologie pastorale dans la littérature des pays allemands qui ont été les seuls à poser et à discuter ce problème. De plus, dans le cadre de cette littérature, l’auteur se borne à l’examen des auteurs qui ont donné un apport remarquable à la solution du problème.
Après avoir classé, dans l’introduction, d’une façon générale, les conceptions de la théologie pastorale et celles de l’Église en deux groupes: celles dont le point de départ est la definition de l’essence de l’Église et celles dont le point de départ est l’essence de ce qu’on appelle „le pastorat”, l’article traite dans la I-re partie de ces dernières.
S’inspirant de l’étude de W. Offeli, Das Verständnis der Seelsorge in der pastoraltheologischen Litteratur der Gegenwart, Mainz 1966, l’article s’occupe d’abord de l’analyse critique de la conception de la théologie pastorale de L. Bopp, de C. Noppel, de V. Schurr, de M. Pflieger et de J. Goldbrunner, puis il examine la conception d’Offeli lui-même, enfin les opinions de l’auteur polonais F. Woronowski sur l’essence de la théologie pastorale. Toutes les théories mentionnés sont qualifiées d’insuffisantes car à leur base il manque une analyse théologique de la notion du „pastorat” découlant de l’analyse méthodologique de l’essence de l’Église. Elles sont toutes plus ou moins entâchées d’un cercle vicieux méthodique, car elles s’efforcent de déduire de la notion même du „pastorat” la définition de son essence.
La II-e partie présente la conception de la théologie pratique d’A. Graf, qui peut être considéré comme „le pére” de la déduction ecclésiologique de la théologie pastorale.
La III-e partie expose l’apport de F. X. Arnold dans l’élaboration de la conception théologique du pastorat et de la théologie pastorale. Arnold fut le premier pastoraliste qui après cent ans a repris l’idée de Graf et en a développé l’aspect christologique, en introduisant conséquemment dans la théologie pastorale le principe divine-humain (le principe dit christologique) à ce point que sa conception peut être une déduction christologique de la théologie pastorale. La conception d’Arnold est, dans la suite de l’article, soumise à une analyse et à un examen critique qui la precise et la présente comme un principe personnalistique-christologique.
La IV partie est une analyse critique de l’essai de la déduction pastorale de l’idée („Ecclesia Mater”) exposée par le disciple d’Arnold K. Delahaye, essai basé sur les sources patristiques et dont la valeur a été jusqu’à présent insuffisamment appréciée.
La V partie, la plus large, constitue un premier essai d’analyse critique ecclésiologique de la conception de la théologie pastorale de K. Rahner et de celle de son disciple H. Schuster, ainsi que de sa réalisation dans l’oeuvre collective Handbuch der Pastoraltheologie. Cette analyse montre que féconde et dans ses lignes générales juste — parait-il cette conception, n’a pas été réalisée dans „Handbuch” d’une manière satisfaisante. Cette oeuvre fait, en fin de compte, l’impression d’une compilation de plusieurs travaux théologiques et pastoraux chacun très estimable et non d’une élaboration concise et systématique où les principes théologiques prouvés et justifiés dans l’introduction seraient développés à travers l’oeuvre tout entière, ce qui lui par la suite donnerait le caractère d’un système déductif et scientifique théologique-pastoral.
La dernière partie de l’article présente la conception de la théologie pastorale de F. Klostermann, qui, déduisant tous ses éléments de la notion de l’Église, de la communauté ou bien du principe de la communauté (Prizip-Gemeinde), fournit la conception la plus concise et la plus conséquente de cette discipline parmi tous les essais de sa justification ecclésiologique.
L’étude conclut que la conception ecclésiologique de la théologie pastorale possède un fondement déjà solide dans la littérature spécialisée de nos jours, qui subit une évolution continue et tend à une synthèse finale. Cette synthèse s’effectuera par la confrontation des résultats de la théologie pastorale contemporaine avec l’idée ecclesiologique du II-e Concile du Vatican. Cette confrontation et cette synthèse sont une tâche dont devraient à leur tour s’occuper les pastoralistes qui élaborent les fondements méthodologiques et les principes théologiques de cette discipline.