Vol. 34 (2022): Verbes supports et autres études



sous la rédaction de / edited by
Wiesław Banyś, Gaston Gross et Beata Śmigielska

 La plupart des articles du numéro 34 de Neophilologica sont consacrés aux verbes supports. C’était l’idée de Gaston Gross, président honoraire de la revue, de faire, dans le numéro en cours, état de la situation théorique, descriptive et applicative des verbes supports. Gaston Gross, éminent linguiste, est aussi une figure dominante des études sur les verbes supports.  De nombreuses observations et concepts  que nous considérons comme acquis dans ce domaine remontent à ses travaux fondamentaux.

Malheureusement, il n’a pas vécu pour le voir publié… Gaston Gross est décédé le jeudi 13 octobre 2022. Le décès de notre grand savant et ami nous a profondément attristés. Nous garderons toujours un souvenir ému de sa présence et de son héritage, reconnaissants pour le temps que nous avons eu le privilège de passer avec lui et pour sa contribution à la communauté linguistique. Nous avons aussi décidé de dédier le prochain numéro de Neophilologica en hommage à ce remarquable savant.

Les constructions à verbes supports sont un type particulier des expressions polylexicales qui constituent, comme le disent certains, the pain in the neck du traitement automatique de la langue naturelle.

Construites à base de différents types de structures syntaxiques et différents types de relations lexicales entre les éléments de ces constructions, elles représentent une grande variété. Cependant, ce qui leur est propre, c’est leur position intermédiaire entre, d’une part, une création (presque totalement) libre et transparente de nouvelles constructions à partir des éléments de la langue avec un sens composé suivant les règles grammaticales et, d’autre part, un figement complet des créations linguistiques, opaques, avec un sens qui n’est pas à dériver de leurs éléments. Depuis quelques décennies, on remarque cependant que ce qui était considéré comme un élément plutôt marginal de  la  communication  linguistique est de beaucoup plus grandes dimensions avec une quarantaine de termes pour le désigner.

L’existence des expressions polylexicales nous fait en même temps reposer et remodeler la question de la distinction entre une création linguistique libre vs une création linguistique figée, allant plutôt dans le sens d’une création +/‒ libre / / +/‒ figée, formant davantage un continuum qu’une rupture vrai / faux, acceptable / non- acceptable, etc., la position et l’importance des collocations des expressions et, généralement, leur statut plus ou moins phraséologique.

La littérature sur les verbes supports, ou light verbs dans la terminologie anglo-saxonne, est d’une richesse extraordinaire. Nous n’avons ni le temps ni la place pour présenter même dans une version abrégée tous les éléments pertinents qu’il faudrait soulever quand on parle des verbes supports, et l’on peut seulement partager l’étonnement de G. Gross (ce numéro, p. 1) « qu’il a fallu attendre le vingtième siècle  pour la mise au point de la notion ».

Les descriptions systématiques des constructions à verbes supports restent encore à faire et il ne nous reste que nous joindre et le soutenir fortement à l’appel de G. Gross (ce numéro, p. 20) et de travailler ensemble pour « qu’un tel projet puisse voir le jour de sorte que nous ayons pour les prédicats nominaux le même outil que celui qui décrit l’ensemble des verbes depuis un siècle ».

 


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